«Medz Yeghern» raconte la tragique épopée du génocide arménien. Aram échappe au massacre de son bataillon de travail et se lie d’amitié avec Murat, un jeune Turc. À deux, ils rejoignent les résistants du Moussa Dagh. Pendant ce temps, Sona Kechiyan est envoyée en
déportation dans le désert, et le jeune sous-lieutenant allemand Armin T. Wegner apporte un témoignage photographique d’une importance capitale. D’autres personnages aident le lecteur à comprendre les étapes qui ont mené à la solution finale planifiée par le gouvernement turc de l’époque.
C’est un roman graphique poignant qui sort chez Dargaud en ce début d’année. Il s’agit de la première œuvre publiée en France de l’auteur italien Paolo Cossi. Il y a deux ans, celui-ci est confronté au récit du génocide arménien, au sujet duquel il ne connaissait rien. Frappé par ce triste sujet et par la méconnaissance des italiens à son propos, Paolo Cossi a décidé de le mettre au grand jour en le mettant en récit. L’auteur a construit ses différentes histoires à partir des récits des différents arméniens qu’il a pu rencontrer lors de ses recherches. Il s’est ainsi inspiré de leurs anecdotes, de leur vécu pour rendre terriblement crédible son récit.
Paolo Cossi n’épargne rien au lecteur. Il veut vraiment mettre en lumière les atrocités, nous mettre en face de la réalité pour qu’on ne puisse pas détourner les yeux comme beaucoup l’ont fait à l’époque. A travers ces différents personnages, il évoque les différentes attitudes adoptées par les protagonistes de l’époque : la cruauté, la lâcheté, le courage, la ténacité. A certains moments, néanmoins, il détend un peu la pression avec quelques clins d’œil humouristiques, notamment avec sa caricature de Corto Maltese : «C’est une forme d’hommage humoristique à Hugo Pratt, que j’aime beaucoup, et qui a lui-même évoqué le génocide arménien dans La Maison dorée de Samarkand. J’ai transformé Corto Maltese – qui est habituellement un aventurier séduisant – en un petit brigand plutôt moche… » (Interview pour Bodoï)
Le graphisme de Paolo Cossi graphisme est puissant, direct et expressif. Si son dessin ne cherche pas à être réaliste, il se fait en revanche très dramatique pour marquer les esprits. Paolo Cossi déforme les corps pour nous évoquer la soufrance ou la cruauté des bourreaux. Il maîtrise parfaitement les clairs-obsurs du noir et blance et pratique avec une grande justesse l’épure pour se concentrer sur l’essentiel. Il nous livre en fin de compte une œuvre bouleversante qui ne laissera personne indifférent…
Medz Yeghern – Le Grand Mal de Paolo Cossi
> Editions Dargaud
> 9,50 Euros
Ce livre est disponible à la MCA