Pages de sang

Extrait de l’avant-propos :

«Tout est faux. Tout ! Tout ce qui est écrit ici est faux.» Ils ne manqueront pas de le dire. Et de l’écrire à la une de leurs journaux. «Pas qu’un peu, pas à moitié. Tout ! Rien de ce qui se trouve ici consigné sur ces pages noircies comme à la hâte, comme pour échapper à une sanction, rien, pas même cet avertissement en guise d’avertissement, ne peut échapper à cette sentence !» J’entends déjà les loups, les vociférations des gardes-chiourme. Je vois déjà les manifestations. Les torchons qui brûlent. Les intimidations. Les faux témoins. Les procès.

D’autres avant moi ont levé le voile, partielle­ment, participant au grand déballage et s’exposant, souvent courageusement, à payer le prix de leurs orgueilleuses certitudes. Procès, prison sont le lot de ceux qui osent. La Turquie, puisque c’est de ce pays qu’il s’agit, sait mieux que d’autres réduire au silence les bavards.
Le père Rigal, lui, ne risque plus rien. Depuis longtemps, Dieu a rappelé son serviteur. Mis­sionnaire, il fut le témoin direct des premiers massacres des Arméniens dans le vilayet d’Adana en Cilicie. Il nota tout. Scrupuleusement. Pré­cieusement.
Son manuscrit, caché dans une église de Cilicie, a été conservé comme une relique. Des reli­gieuses me l’ont confié alors que je marchais en pèlerinage depuis Paris jusqu’à Jérusalem. Pourquoi ? Parce que, depuis un siècle, rien n’a changé et que le monde l’ignore ou s’en moque ; parce que la Turquie ottomane devenue répu­blique laïque n’en finit plus de persécuter dis­crètement ses chrétiens.
Il fallait que quelqu’un puisse l’écrire et le dire. Je suis cet exécuteur testamentaire. Ces pages ne sont qu’en partie miennes. Ma plume incertaine n’a fait que repasser sur des lettres de sang d’un douloureux palimpseste. J’ai enquêté. Retrouvé la trace du père Rigal. Je suis retourné en Turquie, y ai rencontré de nouveaux témoins. Par prudence, je tairai les noms des coupables. J’assume. Seul.

 

  • Editeur : Presses de la Renaissance
  • Auteur : Raphaël Stainville
  • Date de parution : 1er mars 2007
  • Format : 14,2 x 22,6 cm
  • Nombre de pages : 240

Disponible sur commande

17,00 

Extrait de l’avant-propos :

«Tout est faux. Tout ! Tout ce qui est écrit ici est faux.» Ils ne manqueront pas de le dire. Et de l’écrire à la une de leurs journaux. «Pas qu’un peu, pas à moitié. Tout ! Rien de ce qui se trouve ici consigné sur ces pages noircies comme à la hâte, comme pour échapper à une sanction, rien, pas même cet avertissement en guise d’avertissement, ne peut échapper à cette sentence !» J’entends déjà les loups, les vociférations des gardes-chiourme. Je vois déjà les manifestations. Les torchons qui brûlent. Les intimidations. Les faux témoins. Les procès.

D’autres avant moi ont levé le voile, partielle­ment, participant au grand déballage et s’exposant, souvent courageusement, à payer le prix de leurs orgueilleuses certitudes. Procès, prison sont le lot de ceux qui osent. La Turquie, puisque c’est de ce pays qu’il s’agit, sait mieux que d’autres réduire au silence les bavards.
Le père Rigal, lui, ne risque plus rien. Depuis longtemps, Dieu a rappelé son serviteur. Mis­sionnaire, il fut le témoin direct des premiers massacres des Arméniens dans le vilayet d’Adana en Cilicie. Il nota tout. Scrupuleusement. Pré­cieusement.
Son manuscrit, caché dans une église de Cilicie, a été conservé comme une relique. Des reli­gieuses me l’ont confié alors que je marchais en pèlerinage depuis Paris jusqu’à Jérusalem. Pourquoi ? Parce que, depuis un siècle, rien n’a changé et que le monde l’ignore ou s’en moque ; parce que la Turquie ottomane devenue répu­blique laïque n’en finit plus de persécuter dis­crètement ses chrétiens.
Il fallait que quelqu’un puisse l’écrire et le dire. Je suis cet exécuteur testamentaire. Ces pages ne sont qu’en partie miennes. Ma plume incertaine n’a fait que repasser sur des lettres de sang d’un douloureux palimpseste. J’ai enquêté. Retrouvé la trace du père Rigal. Je suis retourné en Turquie, y ai rencontré de nouveaux témoins. Par prudence, je tairai les noms des coupables. J’assume. Seul.

 

  • Editeur : Presses de la Renaissance
  • Auteur : Raphaël Stainville
  • Date de parution : 1er mars 2007
  • Format : 14,2 x 22,6 cm
  • Nombre de pages : 240