A travers l’histoire d’une famille, les Tomassian, habitants d’Erzeroum, ville d’Anatolie, qui ont l’amour de leur peuple chevillé au corps, l’auteur nous raconte ce que fut le génocide arménien.
A Constantinople, le 26 août 1896, une bande de jeunes fedaïs, « des combattants arméniens de la liberté» dont fait partie Hovanès Tomassian, prennent en otage les 150 fonctionnaires majoritairement étrangers de la banque impériale ottomane afin d’alerter le monde sur la situation déjà dramatique que vivait la communauté arménienne.
Jusque là, les arméniens vivaient en bonne harmonie avec les turcs, ils étaient très proches du pouvoir et occupaient même de très hautes fonctions mais suite à plusieurs massacres, perpétrés sur les ordres du sultan Abdül-Hamîd II et faisant 300 000 victimes, les choses changèrent.
En 1915, lorsque la Turquie entre en guerre, le gouvernement décrète que les arméniens sont des traîtres. Va s’en suivre toute une série d’actions dont le but est de les maintenir sous contrôle, en leur enlevant tous leurs droits, puis en les déportant sous prétexte de les protéger, pour finir par massacrer les hommes et abandonner les femmes et les enfants au milieu des déserts de Syrie et d’Irak.
Aram Tomassian, seul rescapé, décide de venger sa famille et tous ces morts (1 200 000), en intégrant le groupe “Némésis”, chargé de retrouver et d’éliminer les anciens criminels turcs, condamné à mort par contumace mais qui coulent des jours heureux en Europe sous de fausses identités.
Le grand génocide arménien parce que nié par beaucoup reste méconnu. Ce livre lève le voile sur cette tragédie. Mieux que des chiffres qui n’impressionnent plus, l’histoire de cette famille révèle les atrocités qu’ont subi les Arméniens. Autant vous dire que ce récit est souvent insoutenable, à la limite du concevable et pourtant c’est bel et bien arrivé.
Ce livre est un magnifique témoignage qui ne peut laisser personne indifférent. Sa lecture s’impose car il est difficile de retranscrire toutes les émotions qui s’en dégage et parce qu’ “A la veille de l’admission peut être de la Turquie dans le marché commun, il est important que les nouvelles générations prennent conscience des torts et des erreurs de leurs aînés. ” dixit l’auteur.
En souhaitant que l’appel lancé par Charles Aznavour dans la préface de ce livre soit entendu.
Visionnez l’entretien de Gilbert Sinoué accordé au Figaro.fr
Erevan de Gilbert Sinoué
> Editions Flammarion
> 21,00 Euros
Ce livre est disponible à la MCA
